Des hydroliennes dans la Manche.
Par Gregoire Macqueron le jeudi, décembre 11 2008, 18:57 - Environnement & Développement durable - Lien permanent
Synthèse
Après le Royaume-Uni, la France se lance dans l’hydrolien, conformément au Grenelle de l’Environnement.
L’énergie hydrolienne est une énergie renouvelable hydraulique, et plus
spécifiquement marine. Elle exploite l’énergie des courants marins au
moyen d’hélice qui convertissent l’énergie mécanique de l’eau en
énergie électrique.
La France possède la deuxième plus grande ZEE au monde et compte bien
l’exploiter à l’aide d’éoliennes off-shore ou d’autres systèmes plus
« exotiques » : système houlomoteur, marémotriciel et autres « serpents
de mer ».
Il existe essentiellement deux types de courants marins : ceux
permanents, engendrés par la circulation thermohaline (cf. le topo rapide de Véronique sur les courants) et les courants temporaires, engendrés par les
marées (flux et reflux) ou les vents (courant de houle, courant de
compensation…).
La Manche possède des marées exceptionnelles, et le prototype immergé en
2008 a révélé un bilan très positif et sans impact écologique
particulier. Les industriels et les collectivités locales désirent donc
développer les « fermes d’hydroliennes », surtout lorsque le coût de
rachat garantie est de 0,15 €/kWh.
Actuellement, le coût d’une installation hydrolienne équivaut à celui d’une installation éolienne off-shore de même capacité.
Un projet d’installation, par EDF, de 4 à 10 hydroliennes d’une
puissance de 4-6 MW (soit la consommation de 5000 foyers) est prévu en
2012, à 35 m de profondeur, au large des côtes de la Manche.
Source :
M. Layet, 5/12/08. Des hydroliennes dans la Manche, Novéthic [disponible en ligne à http://www.novethic.fr/]
Chiffres marquants
Étude Ifremer : les énergies marines pourraient représentées 7,7% de l’accroissement national en énergie renouvelable en 2020.
Usine marémotrice de la Rance (1966) : 240 MW, soit 90% de l’énergie marémotricielle mondiale.
Coût d’installation d'une hydolienne : 3000 € /kW
Coût de rachat garantie des énergies marines : 0,15 €/kWh.
Gisement de courant marin en Europe : 10 à 12 GW (EDF).
Gisement français (côtes de la Manche) : 3 GW.
Réflexions
Sur les courants :
Je distinguerais plutôt comme types de courant ceux qui seront toujours présents (ou presque), et dont l’exploitation peut être prévisible et à long terme, et les courants temporaires dus à des circonstances locales : vent, géomorphologie des fonds…
Une variation saisonnière, un changement climatique, l’apparition d’un banc de sable, et ces courants se modifient, disparaissent. Leurs exploitations est donc plus hasardeuses.
Sur les avantages des hydroliennes :
Les hydroliennes sont sous-marines, donc invisibles. Elles devraient donc bénéficier d’une opinion assez neutre de la part des riverains, contrairement aux éoliennes terrestres. C’est un atout non négligeable pour le développement de cette filière.
Sur les désavantages potentiels :
L’un des risques des hydroliennes est leur impact sur la grande faune marine (bruit, pales) mais la lenteur relative de rotation devrait (en théorie) réduire les impacts.
D’autre part, les marins-pêcheurs sont en général hostiles à ce type de projets, qui réduisent les zones de pêche, même si ces structures ont tendances à enrichir le milieu marin en créant un simili écosystème récifale.
Il ne faut pas oublier non plus que la Manche est un des couloirs de navigations les plus importants du monde, en termes de trafic.
Enfin, reste le risque de l'érosion: ces installations affecteront-elles les côtes ? dans quelle mesure ?
Il faudra donc concilier navigation, pêche, tempête, érosion et hydroliennes.
Sur l’importance de l’énergie hydrolienne :
Contrairement à l’éolien, même off-shore, l’hydrolien offre des garanties solides en terme de prévisibilité et de continuité de la production d’énergie. Comme elle est invisible, son développement devrait être facilité.
Mais que représentent 3 GW par rapport à la production nationale ? Pour mémoire, le parc nucléaire français est de 63 GW en 2008, l'éolien de 1,3 GW en 2007 (source wikipédia).
Quelle sera la durée de vie de ces installations en milieux hostiles ?
Plus d’informations :
Le blog des énergies de la mer.
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