Donner une valeur à la biodiversité


    Ce rapport, qualifié de "rapport Stern de la biodiversité" (par analogie avec le rapport sur le coût du changement climatique), affiche une approche économique, et donc réductrice, assumé avec un point de vue utilitariste. Il s'intéresse en effet à la valeur des services rendus à l'homme par la nature.

    Il faut rappeler ici que la biodiversité est un des secteurs les moins aboutis en termes d'évaluation, d'indicateurs et donc de prise en compte par la société. Or la France à une responsabilité importante en ce qui concerne la biodiversité, comme je vous en parlais au sujet de la conservation des tortues en Guyane.

    Le rapport distingue 2 types de biodiversité:

  • La nature remarquable.
  • La nature "ordinaire".

    La biodiversité remarquable, c'est-à-dire les entités (espèces, habitats) clairement identifiés et non substituables, touche à l'affectif. Elle peut être gérer selon d'autres moyens, plus pertinents, qu'une approche économique.

    En d'autres termes, inutile d'attribuer une valeur en euros à un Lion, qui ne pourra pas être de toute façon remplacé par autre chose. Les programmes de gestions et de classement ("espèce en danger") sont plus efficaces pour les sauver.

    La biodiversité "ordinaire", en revanche, correspond à tout ce qui nous paraît commun et que l'on ne remarque pas: les fleurs des champs, les fourmis et autres insectes, les bactéries. Mais leur disparition peut causer de graves problèmes aux activités humaines comme l'agriculture ou l'épuration des eaux. Cependant, on imagine mal classer telle bactérie (souvent encore inconnue) en "espèce en danger" !


Intégrer la nature dans une société basée sur l'économieBannière Cap sur la Biodiversité de la Mairie de Paris


    Une approche économique, qui attribuerait une valeur "sonnante et trébuchante" à une rivière compte tenu de ses rôles dans l'épuration des eaux, les loisirs, est donc plus efficace.

    A titre d'exemple, un hectare de forêt française est estimé à 970 €/an tandis qu'un hectare de récif corallien vaudrait de 5 000 à 10 000 €/an.

    Ce rapport amène donc à mieux prendre en compte les écosystèmes dans les activités humaines et par conséquent à les protéger. Mais elle n'a pas pour but de créer un marché de la biodiversité ! Cette approche économique est pensée pour être complétée par des approches éthique et sociologique. Elle est cependant nécessaire pour faire avancer les choses dans le système économique qu'est notre société. C'est en tout cas le point de vue de France Nature Environnement (FNE).


    Conclusion


    Ce rapport sur l' "Approche économique de la biodiversité et des services liés aux écosystèmes" est un préalable à toute intégration de la nature dans un véritable développement durable de la société. Il permettra de:

  • Recréer un "capitale écologique"
  • Mieux prendre en compte les impacts environnementaux
  • Donner des pistes, des indicateurs aux industriels pour intégrer la biodiversité dans leurs projets
  • Mieux prendre en compte cette biodiversité dans les procédures judiciaires


Sources:

S. Pignet, 07/05/09. Rapport Chevassus-au-Louis: la biodiversité sort de l’ombre, Le Journal de l'Environnement.
Groupe de travail B. Chevassus-au-Louis, 28/04/09. Approche économique de la biodiversité et des services liés aux écosystèmes. Document PDF, 378 p.

Illustrations: Cap21photo (CC by-nc-sa) et xtof (CC by-nc-sa).