Mes propos sont un peu caricaturaux, mais ils traduisent une tendance de fond regrettable pour les jeunes diplômés qui s’attaquent pour la première fois au marché de l’emploi du secteur où ils souhaitent faire leur vie. Je souhaitais donc profiter du débat du mois sur les jeunes diplômés pour aborder une lacune criante du monde universitaire : la préparation à la recherche d’emploi.

    C’est dommage, car il suffirait de peu pour que les étudiants soient mieux armés. Il manque un certain état d'esprit de l’employabilité à l’université. Si les étudiants / futurs jeunes diplômés regardent d’un drôle d’œil les écoles de commerce et d’ingénieur, se disant qu’ils en font trop avec leurs galas, leurs investissements associatifs obligatoires et leurs réunions d’anciens, il leur manque une dose de cet esprits de corps et de réseau si important par la suite.

Penser réseau

    Un exemple simple et révélateur que j’ai vécu : l’adresse mail étudiante. Chaque étudiant de mon université avait une telle adresse en @etudiant-universite.fr et l’utilisait pour communiquer avec les profs et les autres membres de la promo, à l’occasion d’un projet par exemple. En dehors de ses limitations un peu risibles (100 Mo max !), cette adresse a un gros défaut : dès qu’on quitte l’université, elle est résiliée.

    Impossible donc pour l’université de reprendre contact avec ses anciens étudiants et impossible aussi à ces anciens de se recontacter s’ils n’étaient assez proches (ou prévoyants) pour avoir échangé d’autres coordonnées. Heureusement qu’il y a Facebook !

    Est-ce si compliqué et absurde de créer des adresses mails permanentes pour les étudiants ? Si c’est le cas, pourquoi créer des adresses si limitées qui risquent d’être utilisées quand tout un chacun peut désormais créer facilement un compte mail gratuit, performant et permanent ?

    Au contraire, l’université devrait promouvoir listes de diffusion et les réseaux professionnels tels que Viadéo, et ce dès le début des cursus, pas uniquement les 6 derniers mois avant le stage final, au mieux…

Penser compétence

Les divers types de compétences

La roue des compétences. © Jean-Louis Zimmermann CC by 2.0

    Un des obstacles des jeunes diplômés lors de leur recherche d’emploi est de définir ses compétences. Finalement après 3, 5ans d’études, que sait-il faire ? Ce qu’il sait, ça va, c’était écrit sur tous ses emplois du temps, sujets d’examens, relevés de notes : UE « connaissance de tout » UE « connaissance super pointue sur un petit détail »…

    Serait-ce une révolution de préciser aux étudiants que dans l’UE « météorologie dynamique » ils apprennent à acquérir des données, traiter un signal, construire des modèles etc. ? Mieux encore, pourquoi ne pas faire le lien entre ces compétences et leur utilisation dans le monde du travail, avant même de choisir les modules d’enseignement, plutôt que d’essayer péniblement de valoriser cette connaissance sur un CV ?

    Un module de traduction de ce que l’on a appris au cours de ses études dans le langage de l’employabilité ne serait pas du luxe. Ainsi, les jeunes diplômés seraient peut-être opérationnel plus rapidement et sauraient mieux se vendre sur le marché du travail.

    Espérons que les étudiants avertis pourront mieux préparer leur réseau et leur bilan à l’avenir et que les universités les y aideront.

    Et vous, avez-vous aussi été étonné de la hauteur de la marche entre le monde universitaire et le monde du travail ? Y aurait-il d’autres astuces faciles à mettre en place à l’université pour faciliter la tâche des jeunes diplômées ?