Dans ce Département d’Outre-Mer, trois espèces de tortues marines qui se reproduisent sur ses plages sont concernées : la tortue luth (Dermochelis coriacea), la tortue olivâtre (Lepidochelis olivacea) et la tortue verte (Chelonia mydas).

    Car il ne faut pas oublier qu’aux risques naturels, auxquels les espèces se sont adaptés, se sont ajoutés des risques issus des activités humaines : filets de pêche peu sélectifs, hélice de bateau, braconnage, sacs plastiques ou encore chiens errants. Cette multiplication des dangers s’est traduit par une réduction nette des populations dans les années 80 et il a fallut près de 20 ans avant qu’une prise de conscience locale émerge, puis 8 ans (2008) pour que la France s’engage dans un plan de restauration guyanais.
    Depuis 1998, les acteurs régionaux (Guyane, Suriname, prochainement Antilles) et nationaux (DIREN, Collectivités, Parc Naturel, etc.) s’engagent dans ces programme de conservation et de restauration des tortues marines. Cette coopération se traduit chaque année par le « Rendez-Vous régional » qui permet aux acteurs de faire le point sur les populations de tortues, les captures accidentelles, le tourisme sur les sites de pontes et les plans de restauration. Le rendez-vous régional pour la préservation des tortues marines se tiendra cette année en Guyane.


Réflexions


    La France a une responsabilité particulièrement importante dans ces programmes de conservation, car grâce à ses DOM-TOM et ses TAAF*, elle est présente sur des hot-spots* de la biodiversité et elle possède le deuxième plus important domaine maritime (en terme de ZEE*) du monde.

    La Guyane, en tant que hot-spot de la biodiversité tropicale et que forêt primaire amazonienne est donc un parfait exemple des responsabilités françaises (et par extension européennes) vis-à-vis de la biodiversité. Et cela se traduit fort heureusement par des plans de restauration, un Parc Naturel amazonien et d’autres initiatives.

    Cependant, comme les espèces se fichent bien des frontières humaines, ces programmes de conservation se doivent d’être eux aussi transfrontaliers et régionaux pour être efficaces. Ce qui complique la tâche déjà peu aisée des conservateurs (diplomatie, droit internationale et droits nationaux, etc.).

    Saluons donc ce Rendez-Vous régional en faveur des tortues, espèces emblématiques et fossiles vivants.

    [ J’ai assisté une fois à la ponte de tortues luth en Guyane, sur la plage une nuit où les nuages masquait la lune. C’était le noir total et on entendait le ressac, puis le souffle d’une bête énorme, venue du fond des âges, à proximité. Ce n’est que lorsque la lune fut dévoilée que nous vîmes, à quelques mètres de nous, une créature monstrueuse, qui soufflait et peinait, sans se soucier de nous, pour malaxer la plage puis creuser son nid et, enfin, pondre des balles de ping-pong, devant nous, totalement indifférente. Cette masse de muscle obscure et déterminée était VRAIMENT impressionnante. Un dinosaure en face de soi ! Troublant et inoubliable, tout simplement. ]

*hot-spots : « points chauds », c'est-à-dire lieux où la biodiversité est très riche en espèces endémiques (rares) et où les menaces qui pèsent sur celles-ci sont aussi très importantes. Ces hot-spots se situent en général dans les pays du « Sud ».

* TAAF: Terres Australes et Antarctiques Françaises

* ZEE : Zone Économique Exclusive contrôlée par les États, qui s’étend jusqu’à 200 milles nautiques des côtes.

Source :

WWF, 20/02/09. Guyane : 9ème édition du rendez-vous régional pour la préservation des tortues marines, [disponible en ligne à http://www.wwf.fr ]

Illustration: Leatherback Sea Turtle Hiding Its Eggs, Rustinpc CC.