L'université française et les formations "vertes"
Par Gregoire Macqueron le lundi, août 3 2009, 17:06 - Milieu professionel & Emploi - Lien permanent
Le développement durable a le vent en poupe et l’économie verte s’annonce comme une des solutions à la crise économique et à la création d’emploi. Les universités françaises sont-elles pour autant dans cette tendance ?
Les emplois verts sont à multiples facettes, transversaux et multidisciplinaires. Ils mêlent à la fois des compétences et des techniques traditionnelles et des conceptions, des technologies nouvelles. Ils touchent à l’économie, au socio-culturel et à l’environnement.
Les filières scientifiques et techniques, économiques et sociales devraient donc fournir aussi bien des techniciens (licences professionnelles) que des cadres (IUT, masters et doctorats) dans ce secteur à “haute valeur ajoutée”, plébiscité par les jeunes.
Les universités l’ont bien compris, puisque que les formations niveau bac+5 en développement durable ont bondis de 49% depuis 2005 !
Et pourtant… bien souvent, ces formations restent très (trop) orientées “recherche” et demeurent désarmées par rapport aux demandes des employeurs.
Trop de théorie et manque de compétences pratiques:
- compétences techniques (SIG, gestions des eaux usées, des déchets),
- compétences en ingénierie (mécanique, thermique et électronique pour les énergies renouvelables et la performance énergétique,
- compétences en communication et en animation ou en gestion de projet,
- droit de l’environnement ou gestion des risques
Si l’agronomie, les métiers de l’eau ou de l’aménagement du territoire ont su prendre le virage “durable”, les filières scientifiques sont à la traine, comme le montre le retard français en biotechnologie, écotechnologie et autres greentechs.
Pourquoi ce retard ? Un manque d’investissement, mais aussi une rigidité de la culture universitaire, bousculé par ces formations nécessairement transversales, et non pas cantonnées à la biologie ou à la physique, ni même aux sciences “dures” ou aux sciences humaines.
C’est fondamentalement vrai d’après mes propres observations, même si cela commence à bougé, cela reste trop timide. Preuve en est du master “Environnement Espace littoral” de La Rochelle, qui associait biologie, géographie, droit, mais selon un rapport de 90/5/5 %, sans aucune composante économique ! C’est un pas dans la bonne direction, à poursuivre absolument.
Autre raison invoquée, tout aussi juste à mes yeux, le manque de visibilité (et donc de communication) de ces formations et de leurs débouchés. Encore une habitude dommageable du monde universitaire à bousculer. A tel point que j’en suis rendu à faire moi-même la promotion de ma formation en gestion de projet !
Enfin, dernier problème, l’inadéquation entre les formations et les métiers du développement durable. Il y a pléthore de formations en écologie dont mon master en génie écologique) et autre diplômes de “gestion de la planète” (excusez du peu ). C’est ce que demandent beaucoup de jeunes (dont moi) qui désirent s’investir dans l’environnement, mais il y a très, très peu de postes. Tandis que moins de jeunes s’orientent dans la gestion des eaux ou la mécanique et l’électronique essentielles aux greentechs (cf schémas).
Une meilleure information sur les métiers du développement durables, les compétences utiles et recherchées et les perspectives d’emploi est essentielle pour que les étudiants puissent efficacement construire leur projet éducatif et s’engager dans le développement du XXIème siècle: le développement durable, à la fois économique, social et environnemental.
Et vous autres, anciens universitaires, qu’en pensez-vous ? Pas d’accord ?
Source:
B. Perucca, 30/07/09. L’université française n’est pas assez engagée dans les diplômes “verts”, Le Monde.
Institut Français de l’Environnement, 2004. Le développement des formations initiales en environnement.