Si la production de biocarburant se fait au dépend de la production alimentaire, le développement de ce carburant alternatif pauvre en carbone n’est pas socialement acceptable. Des chercheurs américains ont donc analysé les coûts d’une production de biocarburant à partir de cultures non alimentaires… qui se révèlent les plus rentables sur les terres destinées à la production alimentaire.

Pour répondre à la problématique de la compétition entre la production alimentaire et la production de biocarburant, des chercheurs américains de l'Université de l'Illinois ont réalisé la première analyse économique à grande échelle de la production d'agrocarburant à partir de cultures non alimentaires.

Ils répondent ainsi à l'objectif que se sont fixés les États-Unis de produire, d'ici 2022, 79 milliards de litres de biocarburant à partir de biomasse non alimentaire.
Culture énergétique de Miscanthus
Culture de Miscanthus destiné à la production d’agrocarburant.
© National Rural Knowledge Exchange CC by 2.0

L'étude a porté sur deux herbes, le panic érigé (Panicum virgatum) et l'hybride Miscanthus (Miscanthus × giganteus), et a pris en compte les variations géographiques et temporelles du sol, de la disponibilité en eau et nutriments et du climat dans le Middle-west américain.

Pas de maïs transformé en éthanol, mais du maïs remplacé par de l’herbe…

Sans trop de surprises, il apparaît que ces cultures énergétiques, et plus particulièrement le Miscanthus, sont le plus intéressant économiquement sur les terres fertiles où les cultures traditionnelles de soja et de maïs ne se développent pas de façon optimale.

On apprend cependant que le seuil de rentabilité (coût de production, récolte, stockage) est de 53 à 85 dollars par tonne de matière sèche et par hectare pour le Miscanthus, et de 88 à 118 T de MS/ha pour le panic érigé dans le cas du Missouri.

Cependant si les cultures énergétiques déplacent celles de soja et de maïs, cela ne règle pas la question de la compétition entre production alimentaire et production énergétique. Les chercheurs vont donc se concentrer pour la suite sur l'exploitation de ces herbes dans les zones impropres à la culture du soja ou du maïs.

Source:

A. K.JAIN,M. KHANNA, M. ERICKSON et H. HUANG, 2010. An integrated biogeochemical and economic analysis of bioenergy crops in the Midwestern United States. GCB Bioenergy, 2: 217–234.
doi: 10.1111/j.1757-1707.2010.01041.x
Le communiqué de presse en anglais publié sur le site de l'Université de l'Illinois:
http://www.news.illinois.edu/news/10/1101bioenergy_khanna.html